
27/06/2025
Réaction commune de PensioPlus et d’Assuralia à l’article « Le deuxième pilier des pensions : l’angle mort de la réforme des pensions »
PensioPlus et Assuralia souhaitent apporter des précisions complémentaires
Un récent article publié dans Samenleving & Politiek avance que le deuxième pilier constitue un « angle mort » dans le débat sur les pensions, et qu’il « coûte plus cher qu’on ne le pensait ». Les auteurs s’appuient sur de nouveaux calculs relatifs au coût budgétaire et à la répartition des avantages (para)fiscaux. Cette publication constitue une occasion utile de nourrir le débat sur le rôle des pensions complémentaires dans le paysage global des pensions. PensioPlus et Assuralia souhaitent à cet égard apporter plusieurs précisions et nuances.
1. Coût pour les finances publiques : les chiffres méritent d’être contextualisés
L’estimation souvent citée d’un coût de 2,1 milliards d’euros repose sur une hypothèse selon laquelle les contributions de pension seraient intégralement assimilées à un salaire imposable. Malgré le fait que cette méthode apporte des éclairages, elle risque cependant de surestimer le coût réel.
Une analyse alternative réalisée par PwC, à la demande de PensioPlus et d’Assuralia, évalue le coût effectif à 1,05 milliard d’euros. Cette estimation tient notamment compte des droits de pension légale supplémentaires qui résulteraient du traitement des contributions comme du salaire et des réactions comportementales potentielles des employeurs, qui pourraient recourir à d’autres formes de rémunération.
En outre, dans le système actuel, environ 3,6 milliards d’euros de cotisations sociales sont prélevés chaque année sur les revenus dépassant le plafond salarial légal pour la pension, sans que ces montants ne donnent droit à des droits de pension supplémentaires. Cette contribution de solidarité mérite également sa place dans le débat sur les coûts et la redistribution.
2. Inégalités de répartition : comprendre plutôt que condamner
L’article met en lumière des différences dans la constitution de droits de pension complémentaire. Ces constats méritent cependant d’être nuancés. Le montant des réserves constituées ne dit pas tout : certains plans existent depuis plusieurs décennies, d’autres ont été mis en place récemment. Deux régimes identiques peuvent donc afficher des réserves très différentes, sans qu’il y ait pour autant un traitement inégal.
Par ailleurs, les écarts constatés reflètent souvent des caractéristiques plus larges du marché du travail : taux d’emploi, niveau de revenu, interruptions de carrière… La pension légale joue aussi un rôle important : celle-ci étant plafonnée, les personnes à revenus plus élevés doivent constituer un deuxième pilier plus important pour atteindre un taux de remplacement équivalent.
L’ambition du gouvernement fédéral d’instaurer une contribution patronale minimale de 3 % pour tous les travailleurs, combinée avec l’harmonisation entre ouvriers et employés, devrait à terme favoriser une couverture plus large et plus équilibrée.
3. Un modèle combiné reste essentiel
Le régime légal reste le socle du système belge des pensions. Mais il ne suffit généralement pas à garantir un niveau de vie décent après la retraite. Le vieillissement de la population, l’augmentation de l’espérance de vie et les contraintes budgétaires rendent un deuxième pilier complémentaire indispensable.
Le deuxième pilier n’est ni un luxe ni une concession : c’est un mécanisme structuré et encadré permettant de compléter les droits de pension. Il repose sur la solidarité entre groupes professionnels et sur des accords collectifs. Sa complémentarité avec le premier pilier est essentielle pour garantir à long terme la soutenabilité et la suffisance du système.
Conclusion : vers un débat équilibré et ouvert
Le débat sur les pensions nécessite plus que des slogans ou des estimations isolées. Il exige des données, de la mise en contexte et une volonté de dialogue. Nous invitons les décideurs politiques, les chercheurs et les partenaires sociaux à aborder ce débat sur la base d’informations complètes et avec une vision de long terme.
Ce n’est pas une question de « ou-ou », mais bien de « et-et ». Minimiser aujourd’hui le rôle du deuxième pilier, c’est prendre le risque de compromettre les pensions de demain. Seule une combinaison équilibrée entre un premier pilier solide et un deuxième pilier accessible à tous permettra de garantir des pensions à la fois adéquates et soutenables pour l’ensemble de la population active.